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Jérôme Bonaparte, avait rapporté d’une promenade aux Alpes, faite quelques années auparavant en compagnie de Charles Nodier, un morceau de serpentine stéatiteuse sculpté et creusé en encrier, acheté aux chasseurs de chamois de la Mer de Glace. C’est ce que regardait Jérôme Bonaparte. — Qu’est ceci ? demanda-t-il. — C’est mon encrier, dit l’écrivain. Et il ajouta : c’est de la stéatite. Admirez la nature qui d’un peu de boue et d’oxyde fait cette charmante pierre verte. — J’admire bien plus les hommes, répondit Jérôme Bonaparte, qui font de cette pierre une écritoire.

Cela n’était point mal dit pour un frère de Napoléon et il faut lui en savoir gré, l’écritoire devant détruire l’épée.

La diminution des hommes de guerre, de force et de proie ; le grandissement indéfini et superbe des hommes de pensée et de paix ; la rentrée en scène des vrais colosses : c’est là un des plus grands faits de notre grande époque.

Il n’y a pas de plus pathétique et de plus sublime spectacle ; l’humanité délivrée d’en haut, les puissants mis en fuite par les songeurs, le prophète anéantissant le héros, le balayage de la force par l’idée, le ciel nettoyé, une expulsion majestueuse.

Regardez, levez les yeux, l’épopée suprême