Page:Hugo - William Shakespeare, 1864.djvu/496

Cette page n’a pas encore été corrigée

dans une digression hautaine et sans perdre un instant l’aplomb, ceci : — Shakespeare ne peut vivre parce qu’il a surtout traité des sujets étrangers ou anciens, Hamlet, Othello, Roméo et Juliette, Macbeth, Lear, Jules César, Coriolan, Timon d’Athènes, etc., etc. ; or il n’y a de viable en littérature que les choses d’observation immédiate et les ouvrages faits sur des sujets contemporains. — Que dites-vous de la théorie ? Nous n’en parlerions point si ce système n’avait pas rencontré des approbateurs en Angleterre et des propagateurs en France. Outre Shakespeare, il exclut simplement de la « vie » littéraire Schiller, Corneille, Milton, Tasse, Dante, Virgile, Euripide, Sophocle, Eschyle et Homère. Il est vrai qu’il met dans une gloire Aulu-Gelle et Restif de la Bretonne. O critique, ce Shakespeare n’est pas viable, il n’est qu’immortel !

Vers le même temps, un autre, anglais aussi, mais de l’école écossaise, puritain de cette variété mécontente dont Knox est le chef, déclarait la poésie enfantillage, répudiait la beauté du style comme un obstacle interposé entre l’idée et le lecteur, ne voyait dans le monologue d’Hamlet qu’« un froid lyrisme », et dans l’adieu d’Othello aux drapeaux et aux camps qu’« une déclamation », assimilait les