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Le ton d’une certaine critique puritaine vis-à-vis de Shakespeare s’est, à coup sûr, amélioré, pourtant la convalescence n’est pas complète.

Il n’y a pas longues années qu’un économiste anglais, homme d’autorité, faisant, à côté des questions sociales, une excursion littéraire, affirmait

    diverses, mais le bigotisme est un ; et tous ses spécimens se valent. Ce qu’on va lire est extrait des notes jointes par le nouveau traducteur de Shakespeare à sa traduction :
    « Jésus ! Jésus ! cette exclamation de Shallow fut retranchée de l’édition de 1623, conformément au statut qui interdisait de prononcer le nom de la divinité sur la scène. Chose digne de remarque, notre théâtre moderne a dû subir, sous les ciseaux de la censure des Bourbons, les mêmes mutilations cagotes auxquelles la censure des Stuarts condamnait le théâtre de Shakespeare. Je lis ce qui suit sur la première page du manuscrit de Hernani, que j’ai entre les mains :

    « Reçu au Théâtre-Français, le 8 octobre 1829.
    « Le Directeur de la scène,

    « ALBERTIN. »
    Et plus bas, à l’encre rouge :

    « Vu à la charge de retrancher le nom de Jésus partout où il se trouve, et de se conformer « aux changements indiqués aux pages 27, 28, 29,, 62, 74 et 76.

    Le ministre secrétaire d’État au département de l’intérieur,
    « LA BOURDONNAYE. »
    (Tome XI. Notes sur Richard II et Henri IV, note 71, p. 462.)

    Nous ajoutons que dans le décor représentant Saragosse (deuxième acte de Hernani) il fut interdit de mettre aucun clocher ni aucune église, ce qui rendit la ressemblance difficile, Saragosse ayant au seizième siècle trois cent neuf églises et six cent dix-sept couvents.