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poésie que Shakespeare, fraterniserait avec lui ; au point de vue social et religieux, elle l’abhorre. Shakespeare pense, Shakespeare songe, Shakespeare doute. Il y a en lui de ce Montaigne qu’il aimait. Le To be or not to be sort du que sais-je ?

En outre Shakespeare invente. Profond grief. La foi excommunie l’imagination. En fait de fables, la foi est mauvaise voisine et ne pourlèche que les siennes. On se souvient du bâton de Solon levé sur Thespis. On se souvient du brandon d’Omar secoué sur Alexandrie. La situation est toujours la même. Le fanatisme moderne a hérité de ce bâton et de ce brandon. Cela est vrai en Espagne, et n’est pas faux en Angleterre. J’ai entendu un évêque anglican discuter sur l’Iliade, et tout condenser dans ce mot pour accabler Homère : Ce n’est point vrai. Or, Shakespeare est bien plus encore qu’Homère « un menteur ».

Il y a deux ou trois ans, les journaux annoncèrent qu’un écrivain français venait de vendre un roman quatre cent mille francs. Cela fit rumeur en Angleterre. Un journal conformiste s’écria : Comment peut-on vendre si cher un mensonge ?

De plus, deux mots, tout-puissants en Angleterre, se dressent contre Shakespeare, et lui