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statue à M. Pitt. Avoir vingt ans combattu sciemment la vérité, dans l’espoir qu’elle serait vaincue, s’apercevoir un beau matin qu’elle a la vie dure, qu’elle est la plus forte et qu’il pourrait bien se faire qu’elle fût chargée de composer un cabinet, et alors passer brusquement de son côté, autre piédestal, une statue à M. Peel. Partout, dans toutes les rues, sur toutes les places, à chaque pas, de gigantesques points d’admiration sous forme de colonnes : colonne au duc d’York, qui devrait, celle-là, être faite en points d’interrogation ; colonne à Nelson, montrée du doigt par le spectre de Caracciolo ; colonne à Wellington déjà nommé ; colonnes pour tout le monde ; il suffit d’avoir un peu traîné un sabre. À Guernesey, au bord de la mer, sur un promontoire, une haute colonne, pareille à un phare, presque une tour. Cela est frappé de la foudre. Eschyle s’en contenterait. Pour qui est-ce ? pour le général Doyle. Qui ça le général Doyle ? un général. Qu’a-t-il fait, ce général ? il a percé des routes. A ses frais ? non, aux frais des habitants. Colonne. Rien pour Shakespeare, rien pour Milton, rien pour Newton ; le nom de Byron est obscène. L’Angleterre en est là, un illustre et puissant peuple.

Ce peuple a beau avoir pour éclaireur et