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de la Grèce avec Phalaris, et combattant à coups de lyre le taureau d’airain.

Louis XIV trouvait Racine bon à coucher dans sa chambre quand il était, lui le roi, malade, faisant-ainsi du poëte le second de son apothicaire, grande protection aux lettres ; mais il ne demandait rien de plus aux beaux esprits, et l’horizon de son alcôve lui semblait suffisant pour eux. Un jour, Racine, un peu poussé par madame de Maintenon, s’avisa de sortir de la chambre du roi et de regarder le galetas du peuple. De là un mémoire sur la détresse publique. Louis XIV frappa Racine d’un coup d’œil meurtrier. Mal en prend aux poëtes d’être gens de cour et de faire ce que leur demandent les maîtresses de roi. Racine, sur la suggestion de madame de Maintenon, risque une remontrance qui le fait chasser de la cour, et il en meurt ; Voltaire, sur l’insinuation de madame de Pompadour, aventure un madrigal, maladroit à ce qu’il paraît, qui le fait chasser de France, et il n’en meurt pas. Louis XV, en lisant le madrigal (et gardez tous deux vos conquêtes), s’était écrié : que ce Voltaire est bête !

Il y a quelques années, « une plume fort autorisée », comme on dit en patois académique et officiel, écrivait ceci : — « Le plus grand service que puissent nous rendre les poëtes, c’est de