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d’être poëte. Prenez garde, vous perdez le calme. Sans doute ; mais je gagne la colère. Viens me souffler dans les ailes, ouragan !

Il y à eu, dans ces dernières années, un instant où l’impassibilité était recommandée aux poëtes comme condition de divinité. Etre indifférent, cela s’appelait être olympien. Où avait-on vu cela ? Voilà un Olympe guère ressemblant. Lisez Homère. Les olympiens ne sont que passion. L’humanité démesurée, telle est leur divinité. Ils combattent sans cesse. L’un a un arc, l’autre une lance, l’autre une épée, l’autre une massue, l’autre la foudre. Il y en a un qui force les léopards à le traîner. Un autre, la sagesse, a coupé la tête de la nuit hérissée de serpents et l’a clouée sur son bouclier. Tel est le calme des olympiens. Leurs colères font rouler des tonnerres d’un bout à l’autre de l’Iliade et de l’Odyssée.

Ces colères, quand elles sont justes, sont bonnes. Le poëte qui les a est le vrai olympien. Juvénal, Dante, Agrippa d’Aubigné. et Milton avaient ces colères. Molière aussi. L’âme d’Alceste laisse échapper de toutes parts l’éclair des « haines vigoureuses ». C’est dans le sens de cette haine du mal que Jésus disait : Je suis venu apporter la guerre.

J’aime Stésichore indigné, empêchant l’alliance