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coupable ; on chassait l’abbé de Saint-Pierre de l’académie pour l’avoir fait. Expulsion qui paraît un peu sévère à une époque où la bergerie gagnait jusqu’à Fontenelle et où Saint-Lambert inventait l’idylle à l’usage de la noblesse. L’abbé de Saint-Pierre a laissé derrière lui un mot et un songe ; le mot est de lui : Bienfaisance ; le songe est de nous tous : Fraternité. Ce songe, qui faisait écumer le cardinal de Polignac et sourire Voltaire, n’est plus si perdu qu’il l’était dans les brumes de l’improbable ; il s’est un peu rapproché ; mais nous n’y touchons pas. Les peuples, ces orphelins qui cherchent leur mère, ne tiennent pas encore dans leur main le pan de la robe de la paix.

Il reste autour de nous une quantité suffisante d’esclavage, de sophisme, de guerre et de mort pour que l’esprit de civilisation ne se dessaisisse d’aucune de ses forces. Tout le droit divin ne s’est pas dissipé. Ce qui a été Ferdinand VII en Espagne, Ferdinand II à Naples, Georges IV en Angleterre, Nicolas en Russie, cela flotte encore. Un reste de spectres plane. Des inspirations descendent de cette nuée fatale sur des porte-couronnes qui méditent accoudés sinistrement.

La civilisation n’en a pas fini avec les octroyeurs de constitutions, avec les propriétaires