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cocher ou glorifiant les clous d’airain de la roue d’un char, l’autre d’Archiloque, si redoutable qu’après l’avoir lu Jeffreys interromprait ses crimes et s’irait pendre au gibet dressé par lui pour les honnêtes gens, entre ces deux vers, à beauté égale, je préfère le vers d’Archiloque.

Dans les temps antérieurs à l’histoire, là où la poésie est fabuleuse et légendaire, elle a une grandeur prométhéenne. De quoi se compose cette grandeur ? d’utilité. Orphée apprivoise les bêtes fauves ; Amphion bâtit des villes. Le poëte dompteur et architecte, Linus aidant Hercule, Musée assistant Dédale, le vers force civilisante, telle est l’origine. La tradition est d’accord avec la raison. Le bon sens des peuples ne s’y trompe pas. Il invente toujours des fables dans le sens de la vérité. Tout est grand dans ces lointains grossissants. Eh bien, le poëte belluaire, que vous admirez dans Orphée, reconnaissez-le dans Juvénal.

Nous insistons sur Juvénal. Peu de poëtes ont été plus insultés, plus contestés, plus calomniés. La calomnie contre Juvénal a été à si longue échéance qu’elle dure encore. Elle passe d’un valet de plume à l’autre. Ces grands haïsseurs du mal sont haïs par tous les flatteurs de la force et du succès. La tourbe des domestiques sophistes, des écrivains qui ont autour du cou