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rien lire, laissez tout lire ; ces deux conseils contraires coïncident plus qu’on ne croit. Voltaire, griffes cachées, faisait le gros dos aux pieds du roi. Voltaire et Machiavel sont deux redoutables révolutionnaires indirects, dissemblables en toute chose et pourtant identiques au fond par leur profonde haine du maître déguisée en adulation. L’un est le malin, l’autre est le sinistre. Les princes du seizième siècle avaient pour théoricien de leurs infamies et pour courtisan énigmatique Machiavel, enthousiaste à fond obscur. Être flatté par un sphinx, chose terrible ! Mieux vaut encore être flatté, comme Louis XV, par un chat.

Conclusion de ceci : Faites lire au peuple Machiavel, et faites-lui lire Voltaire.

Machiavel lui inspirera l’horreur, et Voltaire le mépris, du crime couronné.

Mais les cœurs doivent se tourner surtout vers les grands poètes limpides, qu’ils soient doux comme Virgile ou acres comme Juvénal.