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Voltaire est le plus haï, étant le plus grand. Tout était bon pour l’attaquer, tout était prétexte : Mesdames de France, Newton, madame du Châtelet, la princesse de Prusse, Maupertuis, Frédéric, l’Encyclopédie, l’Académie, même Labarre, Sirven et Calas. Jamais de trêve. Sa popularité a fait faire à Joseph de Maistre ce vers : Paris le couronna, Sodome l’eût banni. On traduisait Arouet par A rouer. Chez l’abbesse de Nivelles, princesse du Saint-Empire, demi-recluse et demi-mondaine, et ayant, dit-on, recours, pour se mettre du rose aux joues, au même moyen que l’abbesse de Montbazon, on jouait des charades ; entre autres celle-ci : — La première syllabe est sa fortune ; la seconde serait son devoir. — Le mot était Vol-taire. Un membre célèbre de l’Académie des sciences, Napoléon Bonaparte, voyant en 1803 dans la bibliothèque de l’Institut, au centre d’une couronne de lauriers, cette inscription : Au grand Voltaire, raya de l’ongle les trois dernières lettres, ne laissant subsister que Au grand Volta.

Il y a particulièrement autour de Voltaire un cordon sanitaire de prêtres, l’abbé Desfontaines en tête, l’abbé Nicolardot en queue. Fréron, quoique laïque, faisant de la critique de prêtre, est de cette chaîne.

Voltaire débuta à la Bastille. Sa cellule était