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On commence à être un peu reçu à l’Académie sur billets de confession. Jules Janin, Théophile Gautier, Paul de Saint-Victor, Littré, Renan, veuillez réciter votre credo.

Mais cela ne suffit pas. Le mal est profond. L’antique société catholique et l’antique littérature légitime sont menacées. Les ténèbres sont en péril. Guerre aux nouvelles générations ! guerre à l’esprit nouveau ! On court sus à la démocratie, fille de la philosophie.

Les cas de rage, c’est-à-dire les œuvres de génie, sont à craindre. On renouvelle les prescriptions hygiéniques. La voie publique est évidemment mal surveillée. Il paraît qu’il y a des poëtes errants. Le préfet de police, négligent, laisse vaguer des esprits. A quoi pense l’autorité ? Prenons garde. Les intelligences peuvent être mordues. Il y a danger. Décidément, cela se confirme ; on croit avoir rencontré Shakespeare sans muselière.

Ce Shakespeare sans muselière, c’est la présente traduction [1].

  1. Œuvres complètes de Shakespeare, traduites par François-Victor Hugo.