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pensées, à troubler notre cerveau, à pervertir nos instincts, à fêler nos imaginations, à corrompre notre goût, et à nous remplir la tête de vanité, de confusion, de tintamarre et de galimatias ? » Ceci s’imprimait quatre-vingts ans après la mort de Shakespeare, en 1693. Tous les critiques et tous les connaisseurs étaient d’accord.

Voici quelques-uns des reproches unanimement adressés à Shakespeare : — Concettis, jeux de mots, calembours. — Invraisemblance, extravagance, absurdité. — Obscénité. — Puérilité. — Enflure, emphase, exagération. — Clinquant, pathos. — Recherche des idées, affectation du style. — Abus du contraste et de la métaphore. — Subtilité. — Immoralité. — Ecrire pour le peuple. — Sacrifier à la canaille. — Se plaire dans l’horrible. — N’avoir point de grâce. — N’avoir point de charme. — Dépasser le but. — Avoir trop d’esprit. — N’avoir pas d’esprit. — Faire « trop grand ». — « Faire grand ».

— « Ce Shakespeare est un esprit grossier et barbare, » dit lord Shaftesbury. Dryden ajoute : Shakespeare est inintelligible. Mistress Lennox donne à Shakespeare cette patoche : Ce poëte altère la vérité historique. Un critique allemand de 1680, Bentheim, se sent désarmé, parce que,