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futur tombeau d’Ovide, les scordisques ; Milet, en Anatolie, les massagètes ; Dénia, en Espagne, les cantabres ; Salmydessus, les molosses ; Carsine, les tauro-scythes ; Gélonus, les sarmates arymphées, qui vivaient de glands ; Apollonia, les hamaxobiens rôdants sur leurs chariots ; Abdère, patrie de Démocrite, les thraces, hommes tatoués. Toutes ces villes, à côté de leur citadelle, avaient un théâtre. Pourquoi ? c’est que le théâtre maintenait allumée cette flamme, la patrie. Ayant les barbares aux portes, il importait de rester grecs. L’esprit de nation est la meilleure muraille.

Le drame grec était profondément lyrique. C’était souvent moins une tragédie qu’un dithyrambe. Il avait pour l’occasion des strophes altières comme des épées. Il se ruait sur la scène, le casque au front, et c’était une ode armée en guerre. On sait ce que peut une Marseillaise.

Beaucoup de ces théâtres étaient en granit, quelques-uns en brique. Le théâtre d’Apollonia était en marbre. Le théâtre de Salmydessus, qui se transportait tantôt sur la place Dorique, tantôt sur la place Épiphane, était un vaste échafaudage roulant sur cylindres, à la façon de ces tours de bois qu’on poussait contre les tours de pierre des villes assiégées.