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Il avait sous lui le groupe des sept sages, dont un, Périandre, était un tyran. Or, un certain esprit bourgeois et moyen arriva avec Socrate. C’était la sagacité venant tirer à clair la sagesse. Réduction de Thalès et de Pythagore au vrai immédiat, telle était l’opération. Sorte de filtrage, épurant et amoindrissant, d’où la vieille doctrine divine tombait goutte à goutte, humaine. Ces simplifications déplaisent aux fanatismes ; les dogmes n’aiment pas être tamisés. Améliorer une religion, c’est y attenter. Le progrès offrant ses services à la foi, l’offense. La foi est une ignorance qui croit en savoir et qui, dans de certains cas, en sait peut-être plus long que la science. En présence des affirmations hautaines des croyants, Socrate avait un demi-sourire gênant. Il y a du Voltaire dans Socrate. Socrate déclarait toute la philosophie éleusiaque inintelligible et insaisissable, et il disait à Euripide que, pour comprendre Heraclite et les vieux philosophes, « il faudrait être un nageur de Délos », c’est-à-dire un nageur capable d’aborder l’île qui fuit toujours. Cela était impie et sacrilège pour l’ancien naturalisme hellénique. Pas d’autre cause à l’antipathie d’Aristophane contre Socrate.

Cette antipathie a été hideuse ; le poëte a eu une allure de persécuteur ; il a prêté main-forte