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pas Jupiter » ; — et où Géronte c’est l’Océan. « Sembler fou, dit l’Océan à Prométhée, c’est le secret du sage. » Mot profond comme la mer. Qui sait l’arrière-pensée de la tempête ? Et la Puissance s’écrie : « Il n’est qu’un dieu libre, c’est Jupiter. »

Eschyle a sa géographie ; il a aussi sa faune.

Cette faune, qui apparaît comme fabuleuse, est plutôt énigmatique que chimérique. Nous qui parlons, nous avons retrouvé et constaté à La Haye, dans une vitrine du musée japonais, l’impossible serpent de l’Orestie ayant deux têtes à ses deux extrémités. Il y a, soit dit en passant, dans cette vitrine plusieurs spécimens d’une bestialité qui serait d’un autre monde, dans tous les cas étranges et inexpliqués, car nous admettons peu, pour notre part, l’hypothèse bizarre des Japonais couseurs de monstres.

Eschyle voit par moments la nature avec des simplifications empreintes d’un dédain mystérieux. Ici le pythagoricien s’efface, et le mage apparaît. Toutes les bêtes sont la bête. Eschyle semble ne voir dans l’animal qu’un chien. Le griffon est un « chien muet » ; l’aigle est un « chien ailé ». —Le chien ailé de Jupiter, dit Prométhée.

Nous venons de prononcer ce mot : mage. Ce poëte en effet, par moments, comme Job,