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toutes ces villes dorées repoussaient l’Inconnu qu’on entrevoyait comme une nuée derrière le Caucase. Il semblait que le soleil fût grec. Le soleil, habitué au Parthénon, n’était pas fait pour entrer dans les forêts diluviennes de la Grande-Tartarie, sous la moisissure gigantesque des monocotylédones, sous les fougères hautes de cinq cents coudées où fourmillaient tous les premiers modèles horribles de la nature, et où vivaient dans l’ombre on ne sait quelles cités difformes telles que cette fabuleuse Anarodgurro dont l’existence fut niée jusqu’au jour où elle envoya une ambassade à Claude. Gagasmira, Sambulaca, Maliarpha, Barygaza, Caveripatnam, Sochoth-Benoth, Théglath-Phalazar, Tana-Serim, tous ces noms presque hideux effarèrent la Grèce, quand ils y arrivèrent rapportés par les aventuriers de retour, d’abord par ceux de Jason, puis par ceux d’Alexandre. Eschyle n’avait pas cette horreur. Il aimait le Caucase. Il y avait fait la connaissance de Prométhée. On croit sentir, en lisant Eschyle, qu’il a hanté les grands halliers primitifs, houillères aujourd’hui, et qu’il a fait des enjambées massives par-dessus les racines reptiles et à demi vivantes des anciens monstres végétaux. Eschyle est une sorte de béhémoth parmi les génies.

Disons-le pourtant, la parenté de la Grèce