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ingrat envers l’homme qui, dans l’Orestie, avait honoré ce tribunal au point d’y faire comparaître Minerve et Apollon. Eschyle devint sacré. Toutes les phratries eurent son buste, ceint d’abord de bandelettes ; plus tard, couronné de lauriers. Aristophane lui fit dire dans les Grenouilles « Je suis mort, mais ma poésie est vivante. » Aux grands jours d’Eleusis, le héraut de l’aréopage souffla en l’honneur d’Eschyle dans la trompette tyrrhénienne. On fit faire, aux frais de la République, un exemplaire officiel de ses quatre-vingt-dix-sept drames qui fut mis sous la garde du greffier d’Athènes. Les acteurs qui jouaient ses pièces étaient tenus d’aller collationner leurs rôles sur cet exemplaire complet et unique. On fit d’Eschyle un deuxième Homère. Eschyle eut, lui aussi, ses rhapsodes qui chantaient ses vers dans les fêtes et qui tenaient à la main une branche de myrte.

Il avait eu raison, le grand homme insulté, d’écrire sur ses poëmes cette fière et sombre dédicace :

AU TEMPS

De son blasphème, il n’en fut plus question ; ce blasphème l’avait fait mourir en exil, c’était bien, c’était assez ; il fut comme non avenu. Du reste, on ne sait où trouver ce blasphème. Palingène