Page:Hugo - William Shakespeare, 1864.djvu/146

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

L’art, en tant qu’art et pris en lui-même, ne va ni en avant, ni en arrière. Les transformations de la poésie ne sont que les ondulations du beau, utiles, au mouvement humain. Le mouvement humain, autre côté de la question, que nous ne négligeons certes point, et que nous examinerons attentivement plus tard. L’art n’est point susceptible de progrès intrinsèque. De Phidias à Rembrandt, il y a marche, et non progrès. Les fresques de la chapelle Sixtine ne font absolument rien aux métopes du Parthénon. Rétrogradez tant que vous voudrez, du palais de Versailles au schloss de Heidelberg, du schloss de Heidelberg à Notre-Dame de Paris, de Notre-Dame de Paris à l’Alhambra, de l’Alhambra à Sainte-Sophie, de Sainte-Sophie au Colisée, du Colisée aux Propylées, des Propylées aux Pyramides, vous pouvez reculer dans les siècles, vous ne reculez pas dans l’art. Les Pyramides et l’Iliade restent au premier plan.

Les chefs-d’œuvre ont un niveau, le même pour tous, l’absolu.

Une fois l’absolu atteint, tout est dit. Cela ne se dépasse plus. L’œil n’a qu’une quantité d’éblouissement possible.

De là vient la certitude des poètes. Ils s’appuient sur l’avenir avec une confiance hautaine. Exegi monumentum, dit Horace. Et à cette