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LES TRAVAILLEURS DE LA MER

Quand le coq chante à une heure extraordinaire, la pêche manque.

Ce soir-là, pourtant, à la tombée de la nuit, un pêcheur qui rentrait à Omptolle eut une surprise. À la hauteur du Houmet Paradis, au delà des deux Brayes et des deux Grunes, ayant à gauche la balise des Plattes Fougères qui représente un entonnoir renversé, et à droite la balise de Saint-Sampson qui représente une figure d’homme, il crut apercevoir une troisième balise. Qu’était-ce que cette balise ? Quand l’avait-on plantée sur ce point ? Quel bas-fond indiquait-elle ? La balise répondit tout de suite à ces interrogations ; elle remuait ; c’était un mât. L’étonnement du pêcheur ne décrut point. Une balise faisait question ; un mât bien plus encore. Il n’y avait point de pêche possible. Quand tout le monde rentrait, quelqu’un sortait. Qui ? Pourquoi ?

Dix minutes après, le mât, cheminant lentement, arriva à quelque distance du pêcheur d’Omptolle. Il ne put reconnaître la barque. Il entendit ramer. Il n’y avait que le bruit de deux avirons. C’était donc vraisemblablement un homme seul. Le vent était nord ; cet homme évidemment nageait pour aller prendre le vent au delà de la pointe Fontenelle. Là, probablement, il mettrait à la voile. Il comptait donc doubler l’Ancresse et le mont Crevel. Qu’est-ce que cela voulait dire ?

Le mât passa, le pêcheur rentra.

Cette même nuit, sur la côte ouest de Guernesey, des observateurs d’occasion, disséminés et isolés, firent, à des heures diverses et sur divers points, des remarques.

Comme le pêcheur d’Omptolle venait d’amarrer sa barque,