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LES TRAVAILLEURS DE LA MER

sous-marine. Son sang remontait et faisait cette tache dans l’écume. Le quaker, tout en considérant cette flaque rougeâtre, reprit :


Un quart d’heure avant sa mort,
Il était encore…


Il n’acheva pas.

Il entendit derrière lui une voix très douce qui disait :

— Vous voilà, Rantaine. Bonjour. Vous venez de tuer un homme.

Il se retourna, et vit à une quinzaine de pas en arrière de lui, à l’issue d’un des entre-deux des rochers, un petit homme qui avait un revolver à la main.

Il répondit :

— Comme vous voyez. Bonjour, sieur Clubin.

Le petit homme eut un tressaillement.

— Vous me reconnaissez ?

— Vous m’avez bien reconnu, repartit Rantaine.

Cependant on entendait un bruit de rames sur la mer. C’était l’embarcation observée par le garde-côte, qui approchait.

Sieur Clubin dit à demi-voix, comme se parlant à lui-même :

— Cela a été vite fait.

— Qu’y a-t-il pour votre service ? demanda Rantaine.

— Pas grand’chose. Voilà tout à l’heure dix ans que je ne vous ai vu. Vous avez dû faire de bonnes affaires. Comment vous portez-vous ?

— Bien, dit Rantaine. Et vous ?