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LES TRAVAILLEURS DE LA MER

Ces hommes étaient deux bourgeois en effet.

Celui des deux qui avait cogné dit : — Bonjour, la femme. Je viens pour la chose.

La femme jambe de bois fit un deuxième sourire et sortit par l’arrière-porte, qui donnait sur la cour au puits. Un moment après, l’arrière-porte se rouvrit, et un homme se présenta dans l’entre-bâillement. Cet homme avait une casquette et une blouse, et la saillie d’un objet sous sa blouse. Il avait des brins de paille dans les plis de sa blouse et le regard de quelqu’un qu’on vient de réveiller.

Il avança. On se regarda. L’homme en blouse avait l’air ahuri et fin. Il dit :

— C’est vous l’armurier ?

Celui qui avait cogné répondit :

— Oui. C’est vous le parisien ?

— Dit Peaurouge. Oui.

— Montrez.

— Voici.

L’homme tira de dessous sa blouse un engin fort rare en Europe à cette époque, un revolver.

Ce revolver était neuf et brillant. Les deux bourgeois l’examinèrent. Celui qui semblait connaître la maison et que l’homme en blouse avait qualifié « l’armurier » fit jouer le mécanisme. Il passa l’objet à l’autre, qui paraissait être moins de la ville et qui se tenait le dos tourné à la lumière.

L’armurier reprit :

— Combien ?

L’homme en blouse répondit :

— J’arrive d’Amérique avec. Il y a des gens qui appor-