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DURANDE ET DÉRUCHETTE

danger dans une proportion à eux connue et qui de toute aventure savent dégager le succès. Toute la certitude que la mer peut laisser à un homme, il l’avait. Sieur Clubin, en outre, était un nageur renommé ; il était de cette race d’hommes rompus à la gymnastique de la vague, qui restent tant qu’on veut dans l’eau, qui, à Jersey, partent du Havre-des-Pas, doublent la Colette, font le tour de l’ermitage et du château Élisabeth, et reviennent au bout de deux heures à leur point de départ. Il était de Torteval, et il passait pour avoir souvent fait à la nage le trajet redouté des Hanois à la pointe de Plainmont.

Une des choses qui avaient le plus recommandé sieur Clubin à mess Lethierry, c’est que, connaissant ou pénétrant Rantaine, il avait signalé à mess Lethierry l’improbité de cet homme, et lui avait dit : — Rantaine vous volera. Ce qui s’était vérifié. Plus d’une fois, pour des objets, il est vrai, peu importants, mess Lethierry avait mis à l’épreuve l’honnêteté, poussée jusqu’au scrupule, de sieur Clubin, et il se reposait de ses affaires sur lui. Mess Lethierry disait : Toute conscience veut toute confiance.