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Dis, larve Aldebaran, réponds, spectre Saturne,
Ne verrons-nous jamais sur le masque nocturne
S’ouvrir de nouveaux yeux ?

Ne verrons-nous jamais briller de nouveaux astres ?
Et des cintres nouveaux, et de nouveaux pilastres
Luire à notre œil mortel,
Dans cette cathédrale aux formidables porches
Dont le septentrion éclaire avec sept torches,
L’effrayant maître-autel ?

A-t-il cessé, le vent qui fit naître ces roses,
Sirius, Orion, toi, Vénus, qui reposes
Notre œil dans le péril ?
Ne verrons-nous jamais sous ses grandes haleines
D’autres fleurs de lumière éclore dans les plaines
De l’éternel avril ?

Savons-nous où le monde en est de son mystère ?
Qui nous dit, à nous, joncs du marais, vers de terre
Dont la bave reluit,
À nous qui n’avons pas nous-mêmes notre preuve,
Que Dieu ne va pas mettre une tiare neuve
Sur le front de la nuit ?


III


Dieu n’a-t-il plus de flamme à ses lèvres profondes ?
N’en fait-il plus jaillir des tourbillons de mondes ?
Parlez, Nord et Midi !
N’emplit-il plus de lui sa création sainte ?
Et ne souffle-t-il plus que d’une bouche éteinte
Sur l’être refroidi ?

Quand les comètes vont et viennent, formidables,
Apportant la lueur des gouffres insondables,
À nos fronts soucieux,