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Lorsque le Jour parut, il leur livra bataille ;
Lutte affreuse ! il vainquit ; l’Ombre encore en tressaille ;
De sorte que, percés des flèches d’Apollon,
Tous ces monstres, partout, de la tête au talon,
En souvenir du sombre et lumineux désastre,
Ont maintenant la plaie incurable d’un astre.

Hercule, de ce poing qui peut fendre l’Ossa,
Lâchant subitement le captif, le poussa
Sur le grand pavé bleu de la céleste zone.
« Va, » dit-il. Et l’on vit apparaître le faune,
Hérissé, noir, hideux, et cependant serein,
Pareil au bouc velu qu’à Smyrne le marin,
En souvenir des prés, peint sur les blanches voiles ;
L’éclat de rire fou monta jusqu’aux étoiles,
Si joyeux, qu’un géant enchaîné sous le mont
Leva la tête et dit : « Quel crime font-ils donc ? »
Jupiter, le premier, rit ; l’orageux Neptune
Se dérida, changeant la mer et la fortune ;
Une Heure qui passait avec son sablier
S’arrêta, laissant l’homme et la terre oublier ;
La gaîté fut, devant ces narines camuses,
Si forte, qu’elle osa même aller jusqu’aux Muses ;
Vénus tourna son front, dont l’aube se voila,
Et dit : « Qu’est-ce que c’est que cette bête-là ? »
Et Diane chercha sur son dos une flèche ;