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C’est Final, mais Final vaincu, tombé, flétri ;
C’est un chant dans lequel semble se tordre un cri ;
Un gouffre où les lueurs de l’enfer sont voisines
Du rayonnement calme et joyeux des cuisines ;
Le triomphe de l’ombre, obscène, effronté, cru ;
Le souper de Satan dans un rêve apparu.

À l’angle de la cour, ainsi qu’un témoin sombre,
Un squelette de tour, formidable décombre,
Sur son faîte vermeil d’où s’enfuit le corbeau,
Dresse et secoue aux vents, brûlant comme un flambeau,
Tout le branchage et tout le feuillage d’un orme ;
Valet géant portant un chandelier énorme.

Le drapeau de l’empire, arboré sur ce bruit,
Gonfle son aile immense au souffle de la nuit.

Tout un cortége étrange est là ; femmes et prêtres ;
Prélats parmi les ducs, moines parmi les reîtres ;
Les crosses et les croix d’évêques, au milieu
Des piques et des dards, mêlent aux meurtres Dieu,
Les mitres figurant de plus gros fers de lance.
Un tourbillon d’horreur, de nuit, de violence,
Semble emplir tous ces cœurs ; que disent-ils entre eux,
Ces hommes ? En voyant ces convives affreux,