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La brume redoutable emplit au loin les airs.
Ainsi qu’au crépuscule on voit, le long des mers,
Le pêcheur, vague comme un rêve,
Traînant, dernier effort d’un long jour de sueurs,
Sa nasse où les poissons font de pâles lueurs,
Aller et venir sur la grève,

La Nuit tire du fond des gouffres inconnus
Son filet où luit Mars, où rayonne Vénus,
Et, pendant que les heures sonnent,
Ce filet grandit, monte, emplit le ciel des soirs,
Et dans ses mailles d’ombre et dans ses réseaux noirs
Les constellations frissonnent.

L’aéroscaphe suit son chemin ; il n’a peur
Ni des piéges du soir, ni de l’âcre vapeur.
Ni du ciel morne où rien ne bouge,
Où les éclairs, luttant au fond de l’ombre entre eux,
Ouvrent subitement dans le nuage affreux
Des cavernes de cuivre rouge.