Page:Hugo - La Légende des siècles, 1e série, édition Hetzel, 1859, tome 1.djvu/35

Cette page a été validée par deux contributeurs.
9
LE SACRE DE LA FEMME.

Le même séraphique et saint frémissement
Unissait l’algue à l’onde et l’être à l’élément ;
L’éther plus pur luisait dans les cieux plus sublimes ;
Les souffles abondaient plus profonds sur les cimes ;
Les feuillages avaient de plus doux mouvements ;
Et les rayons tombaient caressants et charmants
Sur un frais vallon vert, où, débordant d’extase,
Adorant ce grand ciel que la lumière embrase,
Heureux d’être, joyeux d’aimer, ivres de voir,
Dans l’ombre, au bord d’un lac, vertigineux miroir,
Étaient assis, les pieds effleurés par la lame,
Le premier homme auprès de la première femme.


L’époux priait, ayant l’épouse à son côté.

IV



Ève offrait au ciel bleu la sainte nudité ;
Ève blonde admirait l’aube, sa sœur vermeille.


Chair de la femme ! argile idéale ! ô merveille !
Ô pénétration sublime de l’esprit
Dans le limon que l’Être ineffable pétrit !