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LA LÉGENDE DES SIÈCLES.

Vous m’êtes apparu dans cet homme, Seigneur ;
J’ai vu le jour, j’ai vu la foi, j’ai vu l’honneur,
Et j’ai compris qu’il faut qu’un prince compatisse
Au malheur, c’est-à-dire, ô Père ! à la justice.
Ô madame Marie ! ô Jésus ! à genoux
Devant le crucifix où vous saignez pour nous,
Je jure de garder ce souvenir, et d’être
Doux au faible, loyal au bon, terrible au traître,
Et juste et secourable à jamais, écolier
De ce qu’a fait pour moi ce vaillant chevalier.
Et j’en prends à témoin vos saintes auréoles. »

Le cheval de Roland entendit ces paroles,
Leva la tête, et dit à l’enfant : « C’est bien, roi. »

L’orphelin remonta sur le blanc palefroi,
Et rentra dans sa ville au son joyeux des cloches.


XI

Ce qu’a fait Ruy le Subtil



Et dans le même instant, entre les larges roches,
À travers les sapins d’Ernula, frémissant
De ce défi superbe et sombre, un contre cent,