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LE PETIT ROI DE GALICE.

Leurs fronts sont de niveau dans ces puissants combats,
Le preux étant en haut et le géant en bas.

Rostabat prend pour fronde, ayant Roland pour cible,
Un noir grappin qui semble une araignée horrible,
Masse affreuse oscillant au bout d’un long anneau ;
Il lance sur Roland cet arrache-créneau ;
Roland l’esquive, et dit au géant : « Bête brute ! »
Le grappin égratigne un rocher dans sa chute,
Et le géant bondit, deux haches aux deux poings.

Le colosse et le preux, terribles, se sont joints.

« Ô Durandal, ayant coupé Dol en Bretagne,
Tu peux bien me trancher encor cette montagne, »
Dit Roland, assenant l’estoc sur Rostabat.

Comme sur ses deux pieds de devant l’ours s’abat,
Après s’être dressé pour étreindre le pâtre,
Ainsi Rostabat tombe ; et sur son cou d’albâtre
Laïs nue avait moins d’escarboucles luisant
Que ces fauves rochers n’ont de flaques de sang.
Il tombe ; la bruyère écrasée est remplie
De cette monstrueuse et vaste panoplie ;