Page:Hugo - La Légende des siècles, 1e série, édition Hetzel, 1859, tome 1.djvu/182

Cette page a été validée par deux contributeurs.
156
LA LÉGENDE DES SIÈCLES.


Roland monte au rocher qui barre le chemin.

L’infant pique des deux, une dague à la main,
Une autre entre les dents, prête à la repartie ;
Qui donc l’empêcherait de franchir la sortie ?
Ses poignets sont crispés d’avance du plaisir
D’atteindre le fuyard et de le ressaisir,
Et de sentir trembler sous l’ongle inexorable
Toute la pauvre chair de l’enfant misérable.
Il vient, et sur Roland il jette un long lacet ;
Roland, surpris, recule, et Pacheco passait…
Mais le grand paladin se roidit, et l’assomme
D’un coup prodigieux qui fendit en deux l’homme
Et tua le cheval, et si surnaturel
Qu’il creva le chanfrein et troua le girel.

« Qu’est-ce que j’avais dit ? » fit Roland.

« Qu’est-ce que j’avais dit ? » fit Roland. « Qu’on soit sage,
Reprit-il ; renoncez à forcer le passage.
Si l’un de vous, bravant Durandal à mon poing,
À le cerveau heurté de folie à ce point,
Je lui ferai descendre au talon sa fêlure ;
Voyez. »

Voyez. » Don Froïla, caressant l’encolure