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AYMERILLOT.

Duc ; ne voudrez-vous pas prendre Narbonne un peu ?

— Empereur, je suis duc par la grâce de Dieu.
Ces aventures-là vont aux gens de fortune.
Quand on a ma duché, roi Charle, on n’en veut qu’une. »

L’empereur se tourna vers le comte de Gand :

« Tu mis jadis à bas Maugiron le brigand.
Le jour où tu naquis sur la plage marine,
L’audace avec le souffle entra dans ta poitrine :
Bavon, ta mère était de fort bonne maison ;
Jamais on ne t’a fait choir que par trahison ;
Ton âme après la chute était encor meilleure.
Je me rappellerai jusqu’à ma dernière heure
L’air joyeux qui parut dans ton œil hasardeux,
Un jour que nous étions en marche seuls tous deux,
Et que nous entendions dans les plaines voisines
Le cliquetis confus des lances sarrasines.
Le péril fut toujours de toi bien accueilli,
Comte ; eh bien, prends Narbonne, et je t’en fais bailli.

— Sire, dit le Gantois, je voudrais être en Flandre.
J’ai faim, mes gens ont faim ; nous venons d’entreprendre