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III

Derrière ces grands monts où plus tard l’aube a lui
Et que nous appelons les Alpes aujourd’hui,
Un marais descendait vers l’océan sans borne.
Dans ce désert vaste, âpre, impénétrable et morne,
Comme un ver qui se glisse à travers les roseaux,
Un fleuve, né d’hier, traînait ses pâles eaux,
Et découpait une île au pied d’un coteau sombre,
Sans savoir qu’en ces joncs, pleins de souffles sans nombre,
Germait, foetus géant, la plus grande des Tyrs.
Le coteau, qui plus tard fut le mont des martyrs,
Lugubre, se dressait sur l’île et sur le fleuve.
L’oiseau, l’être qui va, la bête qui s’abreuve,
Etaient absents ; l’espace était vide et muet,