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Son âme se détache et lui semble éloignée ;
Il croit heurter sa bière en touchant à son lit ;
L’évanouissement par degrés le remplit ;
Il ne peut plus fixer un temps, compter un nombre ;
La pierre devient nuit, lui-même il devient ombre,
Et sent croître, à travers la stupeur de l’ennui,
Autour de lui la tombe et le fantôme en lui.

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O triste genre humain ! Sur tous les échafauds
Tant de sang fut versé dans les deux hémisphères
Que du fer qu’on en eût tiré l’on eût pu faire
Hélas ! tous les barreaux de toutes les prisons !

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                …le cabanon prépare à l’échafaud.
Le patient commence au captif ; les supplices
Ont pour aide la geôle obscure, et pour complices
La cruche d’eau, l’ennui, la paille, le barreau ;
Qu’est-ce que les verrous ? des valets du bourreau.

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L’énorme tour a douze étages de cachots,
Noirs, hideux, et selon la saison, froids ou chauds ;
Des fournaises en juin, en janvier des glacières ;
Chaque cellule est basse, et l’on voit des poussières
Qui jadis ont vécu, dans l’ombre des piliers ;
Des squelettes, dans l’angle obscur des escaliers,
Sont adossés au mur, ayant au cou des chaînes ;
On entend le vent fuir dans les forêts prochaines,
Et les captifs au fond du donjon sont pensifs ;
Les portes sont de fer, les verrous sont massifs,
Et le trousseau de clefs fait la charge d’un homme.
Le roi, qui des deniers du peuple est économe,
A quinze ou vingt palais à meubler, de façon
Qu’il n’a pas de quoi mettre un lit dans la prison ;
Aussi les prisonniers couchent-ils sur la pierre.
Cent vingt archers du guet, à la longue rapière,
Graves, muets, portant la jaquette à grands plis
Sous le hoqueton bleu semé de fleurs-de-lys,
Veillent du haut en bas, six devant chaque porte.



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Oh ! qu’elle avait commis de crimes, la géante !




II

CAMILLE ET LUCILE




III

LA PRISE DE LA BASTILLE



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               DÉNOUEMENT

           SATAN PARDONNÉ

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Le sanglot de Satan dans l’ombre continue.

Satan sous sa voûte

Je me dresse, marqué par l’effroyable trait :
Dernier degré de l’horreur ! ― L’amour me hait.