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ême,
Qu’il eût quitté l’azur où Dieu rayonne et vit.
Il venait.

                   Quand il fut près d’Isis, ce qu’on vit
Fut hideux, et l’horreur s’accrut, dans la mesure
De ce gouffre où Babel, le colosse masure,
Ne serait qu’un tesson et Chéops qu’un gravat.

A travers l’affreux voile, et sans qu’il se levât,
Une tête de mort, sombre masque de flamme,
Parut, et le linceul laissa voir sous sa trame
Un squelette de feu flottant dans ses plis noirs ;
Deux yeux brillaient, ainsi que deux ardents miroirs,
Sur cet épouvantable et sinistre visage ;
Isis ouvrit les bras, pour barrer le passage,
Ainsi que le gibet au haut du Golgotha ;
Et l’apparition formidable jeta
Ces mots à l’ange, avec une clameur profonde :

« Je suis Lilith-Isis, l’âme noire du monde.
« Tremble ! L’être inconnu, funeste, illimité,
« Que l’homme en frémissant nomme Fatalité,
« C’est moi. Tremble ! Anankè, c’est moi. Tremble ! Le voile,
« C’est moi. Je suis la brume et tu n’es que l’étoile ;
« Tu n’es qu’un des flambeaux possibles, moi je suis
« La noirceur éternelle et farouche des nuits ;
« Je suis la bouche obscure et soufflant sur les phares ;
« Tremble ; malheur à toi, ver luisant qui t’égares !
«