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O vous tous, êtres ! fils de l’ombre ou du soleil,
Qui que vous soyez, morts, vivants, oiseaux des grèves,
Esprits de l’air, esprits du jour, larves des rêves,
Faces de l’invisible, anges, spectres, venez,
Vous trouverez Satan les yeux ouverts. Planez,
Rampez, allez-vous-en, revenez ; Satan veille
Les yeux ouverts. C’est l’ombre ou c’est l’aube vermeille ;
Il a les yeux ouverts. Hier, demain, toujours !
Laissez s’enfuir les pas du temps, tardifs ou courts,
Après des millions de jours, de mois, d’années,
De siècles, de saisons écloses ou fanées,
De flux et de reflux, de printemps et d’hivers,
Venez, vous trouverez Satan les yeux ouverts.
Deux yeux fixes, voilà le fond de l’épouvante.

L’obscurité spectrale, informe, décevante,
Chimérique, me tient dans ces gouffres, béant
Et ployé sous le poids monstrueux du néant.
Je souffre. Oh ! seulement un instant que je dorme.