Page:Hugo - La Fin de Satan, 1886.djvu/263

Cette page n’a pas encore été corrigée



Jadis, ce jour levant, cette lueur candide,
C’était moi. — Moi ! — J’étais l’archange au front splendide,
La prunelle de feu de l’azur rayonnant,
Dorant le ciel, la vie et l’homme ; maintenant
Je suis l’astre hideux qui blanchit l’ossuaire.
Je portais le flambeau, je traîne le suaire ;
J’arrive avec la nuit dans ma main ; et partout
Où je vais, surgissant derrière moi, debout,
L’hydre immense de l’ombre ouvre ses ailes noires.

Les profonds infinis croisent leurs promontoires.
Tout devant moi, vers qui jadis l’amour vola,
Recule et fuit.

Je fus envieux. Ce fut là
Mon crime. Tout fut dit, et la bouche sublime
Cria : mauvais ! et Dieu me cracha dans l’abîme.

Oh ! je l’aime ! c’est là l’horreur, c’est là le feu !
Que vais-je devenir, abîmes ; J’aime Dieu !
Je suis damné !