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Quand donc pourra-t-on dire : Hommes, le mal n’est plus ;
Quand verra-t-on finir le flux et le reflux ;

O nuit ! ce qui sortit de Jésus, c’est Caïphe.


Le tigre, ayant encor de ce sang à la griffe,
Remonta sur l’autel et dit : je suis l’agneau.
Christ, ce libérateur, ne brisa qu’un anneau
De la chaîne du mal, du meurtre et de la guerre ;
Lui mort, son dogme, hélas ! servit à la refaire ;
La tiare s’accrut de son gibet. Jésus,
Dans les cieux au-delà du sépulcre aperçus,
S’en alla, comme Abel, comme Job, comme Elie ;
Quand il eut disparu, l’œuvre étant accomplie,
En même temps qu’au loin se répandait sa loi :
« — Vivez ! aimez ; marchez ! délivrez ! ayez foi ! — »
Le serpent relevait son front dans les décombres,
Et l’on vit, ô frisson ! ô deuil ! des prêtres sombres
Aiguiser des poignards à ses préceptes saints,
Et de l’assassiné naître des assassins !