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Depuis ce jour, pareille au damné qui rend compte,
La morne humanité, sur qui pèse la honte
Des justes condamnés et des méchants absous,
Est comme renversée en arrière au-dessous
D’une vision triste, éternelle et terrible.
Un Calvaire apparaît dans la nuée horrible
Que tout le genre humain regarde fixement ;
Une lividité de crâne et d’ossement
Couvre ce mont difforme où monte un homme pâle ;
L’homme porte une croix, et l’on entend son râle,
Ses pieds dans les cailloux saignent, ses yeux noyés
Pleurent, pleins de crachats qu’on n’a pas essuyés,
Le sang colle et noircit ses cheveux sur sa tempe ;
Et l’homme, que la croix accable, tombe, rampe,
Se traîne, et sur ses mains retombe, et par moment
Ne peut plus que lever son front lugubrement.

Et l’œil du genre humain frémissant continue
De regarder monter cet homme dans la nue.