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Un crime restait vierge, il vient de l’épouser ;
Oh ; Caïn maintenant tue avec un baiser ;
C’est fini ; le dragon règne, le mal se fonde,
On ne chantera plus dans la forêt profonde,
Les hommes n’auront plus d’aurore dans leur cœur,
L’amour est mort, le deuil lamentable est vainqueur,
La dernière lueur s’éteint dans la nature ;
Eux-mêmes ont de leur main fait cette fermeture
De la pierre effroyable et sourde du tombeau ;
Puisque le vrai, le pur, le saint, le bon, le beau,
Est là sur ce poteau, tout est dit, rien n’existe.
L’homme est dorénavant abominable et triste,
Cette croix va couvrir d’échafauds les sommets ;
Ce monde est de la proie ; il aura désormais
L’obscurité pour loi, pour juge l’ignorance ;
Vaincre sera pour lui la seule différence ;
La mise en liberté des monstres lui convient ;
Cette bête, la Nuit scélérate, le tient.
Le mal ne serait pas s’il n’avait pas une âme ;
Cette chaîne d’horreur qui, dans ce monde infâme,
Commencée à César, s’achève à Barabbas,
Dépasse l’homme et va dans l’ombre encor plus bas ;
Et, comme le serpent s’enfle sous la broussaille,
Je sens un être affreux qui sous terre tressaille.
Sois content, toi, là-bas, sous nos pieds ; J’aperçois
Au fond de cette brume et devant cette croix