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Il erre dans la ville, il y rampe, il en sort,
Comme parfois on voit marcher quelqu’un qui dort.
Quelle route prend-il ; La première venue.
Il avance, il hésite et cherche, et continue,
Et ne sait pas, devant l’obscure immensité ;
Il a derrière lui les murs de la cité,
Mais il ne les voit pas ; son front troublé s’incline ;
Il ne s’aperçoit point qu’il monte une colline ;
Monter, descendre, aller, venir, hier, aujourd’hui,
Qu’importe ; il rôde, ayant comme un nuage en lui ;
Il erre, il passe, avec de la brume éternelle
Et du songe et du gouffre au fond de sa prunelle.
Il se dit par moments : c’est moi qui marche. Oui.
Tout est si ténébreux qu’il est comme ébloui.

Le chemin qu’au hasard il suit, rampe et s’enfonce
Aux flancs d’un mont où croît à peine quelque ronce,
Et Barabbas pensif, gravissant le rocher,
Sans voir où vont ses pas laisse ses pieds marcher ;
La vague horreur du lieu plaît à cette âme louve ;
Or, tout en cheminant, de la sorte, il se trouve
Sur un espace sombre et qui semble un sommet ;
Il s’arrête, puis tend les mains, et se remet
A rôder à travers la profondeur farouche.

Tout en marchant, il heurte un obstacle ; il le touche ;
— Quel est cet arbre ; où donc suis-je ; dit Barabbas.
Le long de l’arbre obscur il lève ses deux bras