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Les vierges, au front pur comme un lys sans défauts,
Songeaient, et, l’œil noyé, la bouche haletante,
Regardaient l’horizon dans une vague attente.

Tout à coup, au moment où les femmes en chœur
Jetaient aux forêts l’hymne enflammé de leur cœur
Que marquait la cadence agreste des faucilles,
Quelqu’un dit : — Ecoutez ! paix ! — Et les jeunes filles
S’arrêtèrent, le doigt sur la bouche, entendant
Derrière le coteau brûlé du jour ardent,
D’autres voix qui chantaient, douces comme des âmes :

— « Le bien-aimé, celui que vous attendez, femmes,
« C’est celui-ci qui passe et que nous amenons.
« Le triomphe nous a choisis pour compagnons,
« La lumière permet que nous marchions près d’elle,
« Et nous menons le maître à son peuple fidèle,
« Voici le bien-aimé des âmes ! et celui
« Sur qui la grande étoile éblouissante a lui !
« Toutes les majestés forment son diadème ;
« Il pourrait foudroyer, il préfère qu’on l’aime ;
« Il console Rachel, il relève Sara ;
« Il marche entre la joie et la gloire ; il sera
« Comme un bouquet de myrrhe entre deux seins célestes ;
« Son sceptre anéantit dans les rayons les restes
« Du vieux monde terrible où se tord le serpent ;
«