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III. LE TRIOMPHE

 
C’est ainsi que chantait, devant le ciel qui brille,
Le jeune homme alternant avec la jeune fille,
Un groupe des enfants du bourg de Bethphagé.
Au-delà d’un vallon de brume submergé,
On distinguait des tours, un mur blanc, une porte ;
C’était Jérusalem. L’encens que l’aube apporte,
Les souffles purs, les fleurs s’éveillant dans les bois,
Les rayons, se mêlaient à l’ivresse des voix ;
Et c’était à côté du chemin de la ville.
Hors du village, et près de la borne du Mille,
Tout en allant aux champs, ils s’étaient rencontrés ;
L’herbe était verte, et l’aube éblouissait les prés ;
Les hommes avaient dit : Trêve au travail austère !
Et les femmes avaient posé leur cruche à terre,
Et, sereins, ils s’étaient mis à chanter, tandis
Que les oiseaux poussaient des cris du paradis ;
Une aïeule riait au seuil d’une masure ;
Trois laboureurs hâlés, pour marquer la mesure,
Frappaient la terre avec le manche de leur faulx ;