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Le sage est dur pour eux, même dans sa bonté,
Car leur religion donne à l’humanité
Une difformité misérable et terrible ;
Ils ont un livre écrit par Satan, chose horrible ;
Un autre par Adam, un autre par Enos ;
Tous savent lire et sont des songeurs infernaux ;
Ce sont, sous l’azur sombre où les nuages glissent,
Des hommes stupéfaits et fauves qu’éblouissent
Les immenses couchers du soleil dans les monts,
Et qui mangent du sang ainsi que les démons.

Près d’un champ maigre, où croît plus de ronce que d’orge,
Dans son hangar croulant qu’empourpre un feu de forge,
Psyphax le guèbre est seul ; sans veste, sans bonnet,
Bras nus, la scie aux poings, il travaille ; et l’on est
A la fin du mois Jar, le second de l’année.

Dans cette plaine vaste, obscure, abandonnée,
Deux hommes vers le soir, marchant dans les fossés,
Se rencontrent, venant de deux points opposés.
Ils se parlent très bas avec un air de honte.
— Voici l’argent.

                             - Combien ?

                                                     - Trente.

                                                                       -