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Car le plus aveuglé, c’est le plus ébloui.
« Oui, si vous labourez au même champ que lui,
« Il emplira de cendre et de mort vos semailles.
« De toute la science il crèvera les mailles.
« L’infini ne se peut prendre dans un filet.
« Il ne souffrira point qu’on sache ce qu’il est.
« Il mettra les fléaux, les forces, les tonnerres,
« L’ombre, à votre poursuite, ô noirs visionnaires !
« Et s’il regarde, horreur ! tout s’évanouira.
« Et les penseurs crieront : Grâce ! Il leur suffira,
« Pour sentir la pensée en leurs fronts se dissoudre,
« D’entrevoir un moment sa prunelle de foudre.-

« Le livre d’en haut dit : — Vivez sans regarder.
« Passant, ta fonction est de passer. Sonder,
« C’est blesser. Qu’êtes-vous ? Qu’es-tu ? Ton nom ? — Terpandre.
« Toi ? — Linus. — Toi ? — Thalès. — Vous vous appelez Cendre !
« Vous vous appelez Brume et Nuit ! Disparaissez,
« Mourez. Parler est trop, bégayer est assez.
« Es-tu sage ? tais-toi. Le silence est l’hommage.
« Quoi ! tu veux pénétrer l’impénétrable, ô mage !
« Tu viens escalader avec effraction
« Le problème, le jour, la nuit, la vision,
« L’infini ! Tu commets un attentat nocturne
« Sur la virginité du tombeau taciturne !
« Tu lèves ce couvercle, ô mage audacieux !
« Que fais-tu là, rôdeur des barrières des cieux ?
« Tu viens, furtif, armé de ta vanité sombre,
« Forcer l’éternité ! tu viens crocheter l’ombre,
«