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Sur le sang de Jacob presque toujours puni,
Et Dieu, c’est le sourcil froncé de l’infini.
Vivez les yeux fixés sur la terreur du gouffre !
Guerre à l’impie ! Il faut qu’on punisse, ou qu’on souffre,
Frappez pour vous sauver. Songez au châtiment ;
Songez à l’océan d’angoisse et de tourment ;
Songez à cet enfer : l’immensité des larmes.
Les ennemis de Dieu pourront avoir des armes,
Ils pourront être fiers et puissants, ils pourront
Pousser des chars, avoir des casques sur le front ;
Qu’est-ce que cela fait, si leur âme est de l’ombre ?
Les festins, les palais que la splendeur encombre,
Le bonheur, les plaisirs, le triomphe effronté,
Sont des endroits d’oubli, mais non de sûreté.
Soit. Oubliez. Qu’importe au souvenir suprême ?
La vengeance attend, calme, et la colère sème… -
Vous rirez, vous aurez des songes dans les yeux,
Tout à coup, au plus noir du ciel mystérieux
Que l’homme frémissant verra par échappées,
On entendra le bruit que font deux mains frappées,
L’archange porte-glaive, immense, apparaîtra ;
Alors, sentant sous eux crouler Bel et Mithra,
Les méchants trembleront comme un vaisseau qui sombre,
Et tous reconnaîtront l’inutilité sombre
Des boucliers d’airain et des casques de cuir ;
Ils souhaiteront d’être assez petits pour fuir
Par le bas d’une porte ou par les trous d’un crible,
La grande épée ayant un flamboiement terrible !