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attention. Cela peut être utile. La loi fermait un œil, le roi ouvrait l’autre.

Quelquefois le roi allait jusqu’à avouer sa complicité. Ce sont là les audaces du terrorisme monarchique. Le défiguré était fleurdelysé ; on lui ôtait la marque de Dieu, on lui mettait la marque du roi. Jacob Astley, chevalier et baronnet, seigneur de Melton, constable dans le comté de Norfolk, eut dans sa famille un enfant vendu, sur le front duquel le commissaire vendeur avait imprimé au fer chaud une fleur de lys. Dans de certains cas, si l’on tenait à constater, pour des raisons quelconques, l’origine royale de la situation nouvelle faite à l’enfant, on employait ce moyen. L’Angleterre nous a toujours fait l’honneur d’utiliser, pour ses usages personnels, la fleur de lys.

Les comprachicos, avec la nuance qui sépare une industrie d’un fanatisme, étaient analogues aux étrangleurs de l’Inde ; ils vivaient entre eux, en bandes, un peu baladins, mais par prétexte. La circulation leur était ainsi plus facile. Ils campaient çà et là, mais graves, religieux et n’ayant avec les autres nomades aucune ressemblance, incapables de vol. Le peuple les a longtemps con-