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près le français, qui était le fond de l’argot de la bande. La langue française, dès cette époque, commençait être choisie par les peuples comme intermédiaire entre l’excès de consonnes du nord et l’excès de voyelles du midi. En Europe le commerce parlait français ; le vol, aussi. On se souvient que Gibby, voleur de Londres, comprenait Cartouche.

L’ourque, fine voilière, marchait bon train ; pourtant dix personnes, plus les bagages, c’était beaucoup de charge pour un si faible gabarit.

Ce sauvetage d’une bande par ce navire n’impliquait pas nécessairement l’affiliation de l’équipage du navire à la bande. Il suffisait que le patron du navire fût un vascongado, et que le chef de la bande en fût un autre. S’entr’aider est, dans cette race, un devoir, qui n’admet pas d’exception. Un basque, nous venons de le dire, n’est ni espagnol, ni français, il est basque ; et, toujours et partout, il doit sauver un basque. Telle est la fraternité pyrénéenne.

Tout le temps que l’ourque fut dans le golfe, le ciel, bien que de mauvaise mine, ne parut point assez gâté pour préoccuper les fugitifs. On