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scientifiquement, quand on naviguera sur de l’instabilité étudiée, quand le capitaine sera un météorologue, quand le pilote sera un chimiste, alors bien des catastrophes seront évitées. La mer est magnétique autant qu’aquatique ; un océan de forces flotte, inconnu, dans l’océan des flots ; à vau-l’eau, pourrait-on dire. Ne voir dans la mer qu’une masse d’eau, c’est ne pas voir la mer ; la mer est un va-et-vient de fluide autant qu’un flux et reflux de liquide ; les attractions la compliquent plus encore peut-être que les ouragans ; l’adhésion moléculaire, manifestée, entre autres phénomènes, par l’attraction capillaire, microscopique pour nous, participe, dans l’océan, de la grandeur des étendues ; et l’onde des effluves, tantôt aide, tantôt contrarie l’onde des airs et l’onde des eaux. Qui ignore la loi électrique ignore la loi hydraulique ; car l’une pénètre l’autre. Pas d’étude plus ardue, il est vrai, ni plus obscure ; elle touche à l’empirisme comme l’astronomie touche à l’astrologie. Sans cette étude pourtant, pas de navigation.

Cela dit, passons.

Un des composés les plus redoutables de la