Page:Hugo - L'Homme qui rit, 1869, tome 1.djvu/131

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

agilement. De temps en temps il suspendait sa marche et semblait tenir conseil avec lui-même. La nuit devenait très obscure, son rayon visuel se raccourcissait, il ne voyait plus qu’à quelques pas.

Tout à coup il s’arrêta, écouta un instant, fit un imperceptible hochement de tête satisfait, tourna vivement, et se dirigea vers une éminence de hauteur médiocre qu’il apercevait confusément à sa droite, au point de la plaine le plus rapproché de la falaise. Il y avait sur cette éminence une configuration qui semblait dans la brume un arbre. L’enfant venait d’entendre de ce côté un bruit, qui n’était ni le bruit du vent, ni le bruit de la mer. Ce n’était pas non plus un cri d’animaux. Il pensa qu’il y avait là quelqu’un.

En quelques enjambées il fut au bas du monticule.

Il y avait quelqu’un en effet.

Ce qui était indistinct au sommet de l’éminence était maintenant visible.

C’était quelque chose comme un grand bras sortant de terre tout droit. À l’extrémité supérieure de ce bras, une sorte d’index, soutenu en